Les « bars à sourire » ou centre de blanchiment peuvent nuire à la santé

Les «  bars à sourire » ou centre de blanchiment peuvent nuire à la santé
( extrait d’article le bulletin du conseil de l’ordre national des chirurgiens dentistes )


L’argument esthétique mis en avant par les officines d’éclaircissement dentaire ne tient pas
devant l’exposition aux risques des consommateurs. Sans parler de la composition des
produits utilisés. Pour l’heure, nombre de médias occultent cette réalité pour s’en tenir au seul
aspect financier.

Demande de bilan esthétique

Que faut-il penser des « bars à sourire » ? Quelle menace représentent ces officines dédiées à l’éclaircissement dentaire qui se multiplient sur le territoire national ? Faut-il craindre un risque pour la santé buccale des Français ?

Dans un contexte  où l’esthétique, d’une part et l’immédiateté du résultat, d’autre part, constituent des préoccupations constantes chez les patients, les confrères observent avec colère et exaspération le développement des « bars à sourire ».

Sur le terrain, le Conseil national est vigilant, effectuant rapports d’huissier et analyses tout en informant régulièrement les pouvoirs publics  des risque pour les consommateurs.
Déterminé dans la défense de notre capacité professionnelle tout autant que dans la protection des patients, le Conseil national n’entend , en effet, pas laisser la situation se dégrader encore davantage.
Il est intervenu à plusieurs reprises auprès des pouvoirs publics afin que la réglementation soit dûment appliquée… et continue de le faire.

Car, depuis quelques mois, les médias s’emparent du sujet dans des articles ou des émissions dont la complaisance sur le sujet flirte parfois avec le parti pris. En minimisant, voire en occultant le risque thérapeutique, pourtant bien réel, au profit du seul argument économique, ces reportages contribuent à des risque connus.

Dernier épisode en date : la diffusion sur TFI d’un reportage lors de l’émission Sept à huit du 10 juillet de 22 ans qui développe des « bars à sourire » y est présentée. Dans les établissement qu’elle gère, les opérations sont standardisées : le consommateur applique lui-même un activateur de « blanchiment » sur ses dents ; le gel est ensuite disposé dans une gouttière que le client installe dans sa bouche.

Il est ensuite exposé à une lampe à lumière froide pendant plusieurs minutes. Au total, deux séances de 12 minutes, facturées 79 euros l’unité, seront nécessaires pour l’opération.
Le tout sous le contrôle d’une des deux assistantes du « bar », respectivement présentées en prêt-à-porter », lesquelles n’ont reçu, cela va sans dire, aucune formation médicale.
La directrice de l’établissement explique que le concept d’éclaircissement est directement importé des Etats-Unis et que ses équipement proviennent de Chine et des USA.

Par ailleurs, le reportage montre que le « bar » fait appel à un laboratoire qui aurait mis au point un nouveau produit d’éclaircissement dentaire, « efficace » et »conforme à la réglementation sur les produits cosmétiques ». La composition exacte de ce produit n’est naturellement pas mentionné.

Le reportage précise toutefois que le produit permettrait d’obtenir deux teintes d’éclaircissement .

Faut-il rappeler , que parmi les produits à base de peroxyde d’hydrogène, de perborate de sodium utilisés pour l’éclaircissement dentaire, seuls ceux dont la concentration ne dépasse pas 0,1% de peroxyde d’hydrogène présent ou dégagé sont considérés comme des produits cosmétiques ?

A ce titre, seuls ces produits peuvent être en vente libre et utilisés par des non-professionnels de santé, voire par le patient lui-même. Au-delà de cette concentration, il s’agit de dispositifs médicaux, c’est-à-dire de produits destinés à être utilisés à des fins médicales par les seuls professionnels de santé.
                                      

« 80 euros au lieu de 400 à 100 chez le dentiste »

Or, il semble que les « performances » d’éclaircissement présentées dans le reportage ne peuvent être obtenues sans un principe actif puissant. Aussi le Conseil national s’interroge-t-il sur la réelle conformité du produit utilisé à l’arrêté fixant la liste des substances qui ne peuvent être utilisées en tant que produits cosmétiques.

Et que dire des arguments économiques avancés dans le reportage ? Verbatim : « Dans les bars à sourire, on peut se faire blanchir les dents pour 80 euros, alors que c’est au minimum de 400 euros à 1000 euros chez le dentiste ».

Comment mettre en perspective la prise en charge globale d’un chirurgien-dentiste intégrant une intervention esthétique  avec le « bricolage cosmétique » d’apprentis chimistes ?

La protection des consommateurs est en question. D’ailleurs, la réaction de la cliente filmée dans le reportage a de quoi inquiéter : « j’ai l’impression que j’ai les dents qui se déchaussent ! »

Un autre reportage diffusé dans le cadre de l’émission Enquête de santé prolonge l’effroi.
On y découvre l’employé d’un « bar à sourire » répondre plus qu’évasivement sur la quantité de gel d’éclaircissement dentaire à appliquer sur les dents et, pire, affirmer sans scrupule : « Ici, on ne connaît pas la composition du produit. Après, on est pas chimiste ! » Sans commentaire…

Le Conseil national a écrit à de nombreuses reprises au ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé, Xavier Bertrand, à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et à la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) pour défendre notre capacité professionnelle, mais aussi et surtout la santé des patients face au développement de ces pratiques esthétiques parfois peu respectueuses de la réglementation .

« Il n’est pas exclu que l’usage de ces produits, qui s’intensifie de façon exponentielle, présente un réel danger pour la santé bucco-dentaire de la population française » relève le Conseil national. Cela ne constitue pas une première puisque le Conseil national intervient régulièrement auprès des pouvoirs publics et notamment des Agences régionales de santé (ARS) pour faire fermer les établissements les moins scrupuleux.
Ainsi, en Bourgogne, à la suite de l’intervention du Conseil national, l’ARS à décidé d’ « inviter » la gérante d’un institut esthétique, installé dans la Nièvre, à cesser ses pratiques d’éclaircissement dentaire. Le Conseil départemental de l’Ordre de Nièvre avait obtenu du tribunal de grande instance de faire constater par un huissier les agissements de l’établissement en question.


Une attaque pour l’émail, la gencive et le parodonte

Les risques de cette pratiques sont divers. L’utilisation de gel dont la concentration en peroxyde d’hydrogène est importante constitue une attaque pour l’émail des dents, la gencive et le parodonte. Mal maîtrisée ou utilisée trop fréquemment, celle-ci peut entraîner des lésions irréversibles chez le patient : hypersensibilité des dents (apparition de douleurs accentuées, notamment, par le froid) ; altération de l’émail pouvant conduire à une usure prématurée et même à une fragilisation de la dent ; irritation des muqueuses liée à la causticité du produit.
Par ailleurs, en cas d’expositions trop longues ou trop fréquentes, l’altération de l’état de surface de l’émail dentaire peut faciliter la fixation des pigments et donc favoriser une recoloration plus rapide des dents.

De plus, en cas de lésions en bouche déjà existantes, l’exposition à un produit d’éclaircissement dentaire ou à un rayonnement peut générer des complications sévères chez le patient. Le ministère de la Santé précise, à ce titre, sur son site Internet que « ces traitements devraient être réservés aux cas de colorations dentaires vraiment gênantes, voire pathologiques. Dans les autres cas et comme pour tout traitement à visée esthétique, il n’est pas justifié d’exposer les personnes demandeuses à des effets indésirables qui peuvent se révéler supérieurs aux avantages escomptés.

En effet, les produits de blanchiment, surtout s’ils sont employés à haute concentration ou de façon répétée, ont un effet déminéralisant sur les tissus durs de la dent et augmentent leur perméabilité ; outre le risque de fragilisation mécanique de la dent, la pulpes dentaire peut se trouver plus exposée aux agressions chimiques et thermiques

Enfin, ces produits réagissent avec les matériaux d’obturation dentaire (amalgames, composites) et peuvent dégrader la jonction entre dent et obturation, favorisant ainsi infiltrations et récidives de caries. Compte tenu de ces risque, et contre-indications, l’examen des dents et de la muqueuse buccale par un chirurgien-dentiste est indispensable avant tout traitement d’éclaircissement dentaire.

Les contre-indications restent nombreuses : dents des enfants et des adolescents, dents présentant des caries, des lésions d’usure ou d’abrasion, hypersensibilité au froid ou encore obturations volumineuses ou non étanches. Parce que, malheureusement, les reportages ne font pas état de ces risques pour le patient, le Conseil national continuera à intervenir auprès des pouvoirs publics afin que la protection des consommateurs soit assurée. Il incombe également à tous les dentistes, au quotidien de leur exercice, d’informer les patients et de les prévenir des risques des éclaircissements dentaires excessif ou mal réalisés.





L’Essentiel

•    Le Conseil national multiplie les mises en garde auprès du ministère, de l’Afssaps et de la DGCCRF sur la multiplication des « bars à sourire »
•    Outre les cas de contre-indication, les clients sont exposés à des risques réels, par exemple en cas de recours répété à l’éclaircissement.
•    L’une des grandes inquiétudes réside dans les produits utilisés et leur concentration en peroxyde d’hydrogène.
 

 

Demande de bilan esthétique